10% n’est pas seulement le titre d’un programme télévisé à succès, mais probablement aussi le rêve secret de Madame la Maire de Paris. Le rêve qu’une de ces votations citoyennes qui lui sont si chères atteigne un jour ce pourcentage de participation.
Pour l’heure, on en est loin. Or, il ne reste plus beaucoup de temps. Dans un an, la messe sera dite.
Quand je dis que ces votations dominicales sont chères à Madame Hidalgo, elles le sont aussi pour les Parisiens. Quelque quatre cent mille euros à chaque épisode. Mobilisation de près de mille trois cents agents, aménagement des locaux, etc… Nous n’aurons pas ici la cruauté de calculer ce que cela représente par votant, mais nous sommes certainement assez éloignés des 28 centimes par inscrit fièrement revendiqués par l’administration hidalgienne.
4,06 %, voilà le taux de participation de la dernière consultation. Elle s’est tenue le 23 mars et les Parisiens étaient appelés à se prononcer sur le projet de végétalisation et de piétonisation de quelque cinq cents rues de la capitale. Coïncidence troublante, ce même jour tombaient les résultats d’une étude assez alarmante montrant que, en partie en raison de la piétonisation galopante des artères urbaines et autres freins à la circulation automobile en ville, le délai d’intervention des secours s’allongeait régulièrement ces dernières années. Plus deux minutes trente en dix ans. Ce n’est rien et c’est pourtant beaucoup. Le temps d’une vie sauvée, le temps d’une vie perdue.
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Probablement n’est-ce pas ce genre de considérations qui aura retenu les Parisiens d’aller voter. Sans doute est-ce tout simplement le sentiment d’être pris pour des mimiles, des gogos, attendu que ces rues-jardins sont en parties réalisées et que le PLU (Plan Local d’Urbanisation) prévoyant leur implantation est d’ores et déjà voté. Mascarade, donc. On comprend que l’enthousiasme citoyen ait été des plus tempérés.
À noter qu’il n’y avait pas foule non plus pour les précédentes votations. 7,4% – tout de même ! – en 2023 sur la question des trottinettes électriques en libre-service. Et 5,7% pour la consultation sur le tarif de stationnement spécifique des SUV. Un vote anti-riche, anti-fric bien en phase avec la bonne conscience bobo-écolo-gaucho, pour lequel, cette fois, on aurait pu espérer beaucoup mieux. Mystère.
En fait, il faut surtout, me semble-t-il, saluer l’esprit de bienveillance des Parisiens.
Cantonnant ces participations électorales à un pourcentage à un seul chiffre, ils auront eu la délicatesse de ne pas creuser un trop grand – et donc trop cruel – écart avec celui obtenu par leur édile en chef aux dernières élections présidentielles. 1,75%, faut-il le rappeler.
Mais retenons par ailleurs deux autres chiffres en deçà de 10. Chiffres dont on n’espèrera pas cependant qu’ils remplissent d’aise l’intéressée, puisqu’il ne s’agit pas de pourcentages électoraux, mais tout bonnement de milliards. La dette de la ville ! 4,1 milliards en 2014, 9,3 milliards en 2024… Cela pourrait-il inspirer une idée de votation ? Du genre : Selon vous, amis citoyens de Lutèce, est-il temps que Madame Hidalgo et son aréopage si prodigue s’en aillent ?
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